L’aquaculture: une solution d’avenir?
visite de la plateforme d'IFREMER.
Les poissons d'élevage ne devraient pas tarder à supplanter les espèces sauvages dans l'alimentation humaine. La production halieutique mondiale a atteint un record de presque 171 millions de tonnes (Mt) en 2016. A cette date, prés de la moitié des poissons, coquillages et mollusques consommés proviennent d'élevages, selon les données de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) publiées en 2018 (http://www.fao.org/state-of-fisheries-aquaculture/fr/).
La part de l'aquaculture ne peut que croître car de nombreuses espèces sauvages sont surexploitées et les captures stagnent depuis la fin des années 1980. Par exemple, En 2015, parmi les 16 zones statistiques principales de la FAO, c’est en Méditerranée et en mer Noire que l’on observait la plus forte proportion de stocks exploités à un niveau biologiquement non durable (62,2 pour cent). Les océans ne seront plus en mesure de fournir les 30 Mt de poissons supplémentaires nécessaires pour maintenir la consommation moyenne à l'horizon 2050. Le développement de l'aquaculture, qui a déjà connu une croissance fulgurante: la production est passée de 1 Mt au début des années 1950 à 80 Mt en 2016, devrait donc se poursuivre. Cette production totale se décompose comme suit: 54,1 Mt de poisson de consommation, 17,1 Mt de mollusques et 7,9 Mt de crustacés à laquelle il convient d’ajouter 26,8 Mt de plantes aquatiques.
Parmi les atouts que possède la France dans ces domaines, figurent des forces scientifiques et des infrastructures d'envergure qui lui permettent d'occuper les avant-postes de l'innovation mais qui malheureusement, au final, font que la production aquacole de poisson de consommation de l’Europe des 28 ne représente seulement que 1,6% de la production mondiale. Ce 18 octobre 2019, nous avons visité la plate-forme expérimentale de l’Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la MER (Ifremer) de Palavas-les-Flots, sous la conduite d’Emmanuel Rezzouk, son responsable. Cette plateforme est la plus grande infrastructure dédiée à la recherche dans ces domaines en France, et la 3ème en Europe. Depuis 1974, la structure, accueille en permanence une quarantaine de chercheurs issus de plusieurs instituts qui travaillent de manière pluridisciplinaire - génétique, génomique, physiologie, éthologie, ingénierie des systèmes et sciences du développement - sur des projets de recherche dédiés aux poissons marins et d'eau douce, à la durabilité des filière aquacoles et d'une manière plus générale, à la biodiversité marine et à ses usages. Cette plateforme est adossée à l’Unité Mixte de Recherche (UMR) MARBEC, MARine Biodiversity, Exploitation and Conservation dont les tutelles sont l’IRD, l’Ifremer, l’Université de Montpellier et le CNRS. Cette unité étudie la biodiversité marine des écosystèmes lagunaires, côtiers et hauturiers, principalement méditerranéens et tropicaux. Ses recherches vont des échelles moléculaires et de l’individu à la population en passant par la communauté. Elle s’intéresse aussi aux usages de cette biodiversité par l’Homme.
Quelque 200 bassins, 300 aquariums, 600 bars vivants et 30 000 échantillons de spermes congelés, derrière une discrète palissade, la plateforme se déploie sur 6 000 m2, entre mer et lagune. Ici, toutes les techniques d'élevage de poissons marins ont été mises au point. Les cinq halls couverts disposent d'un impressionnant cheptel de géniteurs de bars composés de lignées expérimentales. Ce qui permet des recherches sur tous les stades de développement: larves, juvéniles, adultes (photo1) et sur l’amélioration génétique des poissons. Ici se décortique l'architecture génétique et génomique du poisson pour ses caractères d'intérêt économique, son efficience alimentaire et sa résistance aux maladies. Ainsi, les chercheurs ont découvert que le bar présent en Atlantique était beaucoup plus vulnérable au nodavirus, principale maladie affectant les bars produits en aquaculture et qui attaque le système nerveux du poisson, que son cousin le loup de Méditerranée. Ils veulent désormais comprendrer les facteurs de cette résistance. Une salle est également dédiée aux Tilapias, second groupe d'espèces de poissons produits dans le monde après les carpes, et dont la production devrait presque doubler d'ici 2030. Le Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (Cirad) poursuit ici des travaux pour remplacer pour leur alimentation les tourteaux de soja par des algues afin de réduire l'impact environnemental de l'aquaculture.
Car la plateforme expérimentale cherche non seulement à agir sur le poisson mais également sur le système de production: nourriture du poisson, déchets de l'aquaculture, coût en énergie, réutilisation de l'eau, etc. L’aquaculture connaît le même type de problèmes que l'élevage intensif à terre. La concentration de nombreux poissons dans des espaces restreints peut provoquer une dégradation de la qualité des eaux due aux rejets: aliments non consommés et excréments. Le choix des emplacements d’élevage, la dispersion par les courants des rejets et/ou les traitements des effluents limitent considérablement les nuisances. La densité des élevages favorise également le développement de maladies, qui ont longtemps été combattues par les seuls antibiotiques. L'apparition de vaccins a réduit cette pratique. Une aquaculture "intégrée" qui minimise son impact sur l'environnement, est en train de se développer. L’acceptabilité sociale et environnementale progresse en parallèle.
A l'extérieur des halls couverts, 2.000 m2 sont utilisés à la production d'algues. Des start-up comme de grands groupes louent ces installations ou participent directement aux projets de recherche de la plateforme. Ici sont testés des processus de décontamination des effluents d'élevage au moyen d'organismes vivants ou le stockage du CO2 via des cultures de micro-algues. La photo 2 présente un dispositif de culture d’algues matière première pour la fabrication de matières plastiques biosourcées.
Notre visite s’est terminée par un repas amical au comptoir des compagnons et par une visite libre de la cathédrale de Maguelone (photo 3).
Photo 1. Dans un des bassins, la ronde des bars femelles albinos. Ici il s’agit de reproductrices adultes d’une quinzaine d’années (photo SR).
Photo 2. Dispositif expérimental de culture d’algues destinées à la production de matières plastiques biosourcées (SR).
Photo 3. Façade occidentale et portail de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul construite au XIIème et au XIIIème siècle lors de l’apogée de l'évêché de Maguelone (extrait de https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6969365).


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