« La recherche française est menacée de relégation en deuxième division »
Nous avons jugé nécessaire de tirer une sonnette d’alarme sur la situation de la recherche française qui ne « va pas bien ». En effet, tous les indicateurs sont à l’orange, ils montrent que nos performances en termes de recherche et d’innovation sont en recul depuis plusieurs années : ils nous placent au dixième rang mondial (en baisse de trois places par rapport aux années 2000) derrière l’Australie et le Canada en termes de publications scientifiques dont l’indice d’impact diminue, loin des « Big Five science nations » (Chine, USA, Allemagne, UK, Japon), s’agissant de l’innovation, la France occupe en 2022 la douzième place (en recul par rapport à 2021) du Global Innovation Index. Le nombre des recrutements des enseignants chercheurs est passé de 3600 en 2011 à 2200 en 2022, et celui des doctorants baisse : -4% de 2021 à 2022 et -10% en mathématiques.
Le rapport remis en juin 2023 par Philippe Gillet, ancien vice-président de l’EPLF et ancien directeur de l’ENS Lyon, à Sylvie Retailleau, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, fait un constat sans concessions : absence de stratégie pour la politique de recherche, complexité de l’organisation de la recherche publique, bureaucratisation croissante, déséquilibre entre les financements liés à des appels à projet et ceux de base des laboratoires insuffisants. Il montre bien que l’insuffisance globale et récurrente de l’effort de recherche français est le point central. Depuis deux décennies, il plafonne autour de 2,2% du PIB (les deux tiers portés par les entreprises dont la performance se situe à un bon niveau international, proportionnée à la taille de notre industrie). Nous sommes loin de l’objectif européen de 3% pourtant adopté par la France, et nous devons nous comparer à 4,8% pour la Corée, 3,5% pour les Etats Unis, 3,3% pour le Japon et 3 1% pour l’Allemagne qui s’est fixé l’objectif de 3,5%.
Cette situation révèle un lent déclin très préoccupant qui ne fait l’objet d’aucun débat public. Certes on se réjouit qu’en 2022 deux chercheurs français aient reçu le prix Nobel de physique et la médaille Fields, mais cela ne se traduit pas par une prise de conscience collective de la nécessité d’un sursaut, alors qu’il s’agit d’une question vitale pour l’avenir de notre pays. En effet, la qualité et l’ampleur de l’effort de la recherche en France conditionnent notre participation aux progrès de la connaissance, notre maîtrise des nouvelles technologies, la capacité de croissance et d’innovation de nos entreprises, la réindustrialisation – la « start up nation » ne peut exister sans recherche - notre aptitude à assumer le défi de la transition écologique et énergétique, la capacité de notre défense. C’est en fait la souveraineté de la France qui est en cause. Sans un effort accru de recherche, nous sommes plus que menacés de « descendre en deuxième division » et de nous placer sous la dépendance complète des « science nations », aux premiers rangs desquelles, les Etats Unis et la Chine.
Des réformes s’imposent souligne le rapport Gillet. Il faut renforcer l’attractivité de la recherche pour les jeunes chercheurs avec un effort sur les rémunérations et les conditions de travail des doctorants. L’Etat n’est certes pas resté inerte :la loi de Programmation de 2020 a prévu d’accroitre l’effort public de 5 milliards annuels d’ici 2030 auquel s’ajoute le plan France 2030 Cet effort est significatif. Est-il suffisant ? Certainement non. Pour redresser à long terme une situation très compromise c’est au moins l’objectif de 3% du PIB qu’il faut viser avant 2030. Cela veut dire un effort accru de 20 milliards par an, certes considérable mais pas démesuré au regard des enjeux en cause, et incontournable si la France veut rester un grand pays scientifique.
Pour que le pays soutienne cet effort et les choix budgétaires qu’il implique, il faut engager le débat. Il permettra aux différents acteurs - communauté scientifique, partenaires sociaux, entreprises, politiques- de confronter leurs visions et de se mobiliser et à nos concitoyens de saisir l’importance de la recherche pour la prospérité et la souveraineté de la France.
Louis Gallois, coprésident de la Fabrique de l’Industrie, ancien président de la SNCF et ancien PDG d’Airbus, Pierre Papon, Professeur honoraire à l’Ecole supérieure de physique et chimie industrielles de Paris-PSL, ancien directeur Général du CNRS et ancien PDG de l‘IFREMER
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